L’excellent ouvrage « Langues régionales, Idées fausses et vraies questions » de Rozenn Milin et Philippe Blanchet Lunati est le guide idéal pour ceux qui ont envie de comprendre les enjeux liés à la revitalisation des langues à travers le monde. Les convaincus y trouveront aussi des arguments intéressant pour convaincre leur entourage.
Rozenn Milin, bretonne, qui a une formation d’historienne et de sociologue, et Philippe Blanchet Lunati, provençal, qui a une formation de linguiste, parlent respectivement le breton et le provençal. Ils ont observé durant des années les différents discours et débats publics portant sur les langues dites régionales en France. Ils ont fini “affligés par les confusions fumeuses, les croyances absurdes martelées à l’infini et les explications boiteuses répétées avec assurance par des ignorants à propos des langues de France, régionales comme nationale”.
Un exercice de pédagogie
Pour lutter contre cette ignorance, “les discours médiatiques, politiques, juridiques, et tellement courants, sur les langues régionales” sont regroupés dans ce livre. Chaque idée est décortiquée, une à une, pour savoir sur quoi se basent ces discours, et expliquer très pédagogiquement par des faits et sources sérieuses, quelle est la vraie situation.
“Certaines langues régionales ne sont que des “patois””, “On ne peut pas tout dire en langues régionale”, “Les langues régionales ne sont plus, ou presque plus, parlées”
Le livre se structure comme une liste de chaque idée reçue. Il peut être utilisé comme un manuel ou un répertoire, donc sans forcément le lire dans l’ordre. Ça peut être un jour une idée ou au fur et à mesure des idées qu’on peut entendre autour de nous.
Des préjugés tenaces
“Il n’y a pas eu de volonté d’utiliser l’école pour éliminer les langues régionales”, “Dépenser de l’argent pour revitaliser les langues régionales ne se justifie pas”, “La langue de la France est le français”
Il est normal de ne pas être d’accord avec tout ce qui se dit, d’avoir un avis différent. En France, la question de la diversité linguistique n’est ni enseignée, ni valorisée. Et si on n’est pas directement concerné par le déclin de notre langue, il est difficile de comprendre ce que cela engendre. « Finalement, tout le monde parle français ; on se comprend donc. Pourquoi s’émouvoir de la perte d’une langue seconde ?!… ».
Les auteurs nous invitent à de l’écoute, de l’empathie, de la curiosité, de l’ouverture d’esprit. Un ouvrage à prendre comme un prétexte à parler avec son entourage, les locuteurs bascophones que l’on connait, les nouveaux arrivants… La profondeur du discours et la connaissance du sujet qu’ont les auteurs sont impressionnants. Milesker Rozenn eta Philippe.